Le bassin de la Vrille, Saint-Amand-en-Puisaye, Bourgogne-Franche-Comté
DISNOVATION.ORG
Contre-récits de l’eau
Médiatrice en charge de la commande : Amanda Crabtree accompagnée de Valérie Cudel (à demeure).
Le contexte / historique de la commande :
La réflexion sur la commande se fait dans le cadre des Ateliers de la Pluie, initiative forgée à la suite du Festival de la Pluie de juillet 2023. Des artistes avaient été invités à participer au Festival de la Pluie 2023 pour éveiller les sensibilités aux délices de la pluie comme à ses désastres.
L’activité de ces Ateliers est portée par l’Association Respire-L’Amarante, dont l’activité principale est l’épicerie biologique et locale. Ces Ateliers sont nés de l’intérêt pour les enjeux du changement climatique pour le milieu local naturel de vie.
Contexte local : le bassin de la Vrille, en Puisaye, petite bio-région de la Bourgogne du Nord-Ouest. La Vrille y serpente, alimentée par de nombreux ruisseaux, de moulin en moulin, depuis sa source à la limite de la Forterre, jusqu’à sa confluence avec la Loire.
Région d’eau, de bois, de prairies, région d’argile et d’ocres, de tradition potière et d’art céramique.
La Vrille traverse le village longeant le parc du Château Renaissance. Quelques pêcheurs de « La Gaule Poyaudine » y lancent leur ligne. Quelques riverains s’inquiètent des risques d’inondations accentués par le changement du climat, même ici. Saint-Amand éveille son attention à « sa » rivière, au charme de ses berges, fragiles comme les arbres qui y plongent leurs racines.
Objectifs /enjeux de la commande :
Selon les commanditaires :
“Mieux comprendre ce qui lie à notre devenir celui de l’eau d’ici, des sols, des arbres, des oiseaux, des insectes, etc.
Nous cherchons à connaître et faire connaître les bonnes pratiques d’ajustement des activités humaines et de l’usage des ressources à la métamorphose climatique en cours, ici surtout, ailleurs aussi.”
La commande artistique participe à une réflexion globale autour de la revitalisation de ce territoire socialement et économiquement marginalisé autour d’un objectif fédérateur : la préservation et la valorisation des « paysages de l’eau », paysages qui façonnent l’identité et l’attrait de la Puisaye.
Un nouveau chemin permettrait, entre autres intérêts paysagers, de faire découvrir en chemin une source, des lavoirs, des mares, un château d’eau, un poste de pompage au bord de la Vrille mais aussi des traces de ferriers en lisère de bois, des trognes le long des chemins creux, de la boue argileuse dans les ornières creusées par l’exploitation forestière, etc.
Les commanditaires :
Daniel Delautre, conseiller municipal, François Dupont, psychologue, Odile Dupont, professeur de philosophie, Roland Eve, ornithologue, initiateur du Plan de Paysage pour la Puisaye, Pascale Grosjean,1ère adjointe et vice-présidente de la CC de Puisaye-Forterre, Virginie Guillemard, Didier Jouanneau, libraire à Saint-Amand-en-Puisaye, Dominique Lion, Jean Maréchal, 2ème adjoint en charge des travaux communaux, Yannis Mercier, Clément Novaro, architecte, Gilles Reverdy, maire de Saint-Amand-en-Puisaye, Martine Rouillard, céramiste , Gabriel Soucas, photographe.
Chronologie du projet à Saint-Amand-en-Puisaye
2024 : Lancement et rencontres initiales
Mars 2024 : Prise de contact par les futurs commanditaires de Saint-Amand.
Avril 2024 : Réunion à la mairie pour présenter le protocole « Nouveaux Commanditaires » et discuter d’une future commande artistique, en présence d’élus, de membres de l’association Respire et de la Société des Nouveaux Commanditaires.
Mai 2024 : Réunion à l’ancienne mairie pour préciser le projet : un parcours artistique entre la Vrille et la ligne de partage des eaux Loire/Seine.
Juillet 2024 : Premier contact avec l’artiste Suzanne Husky.
Août 2024 : Rencontre avec les commanditaires, balade sur le parcours pressenti et présentation du travail de Suzanne Husky.
Novembre 2024 : Visite de Suzanne Husky à Saint-Amand et avancées du projet. Réunion au château sur la biodiversité, les haies et la santé des rivières. Visite du chantier de la Maison des enfants potiers. Présentation du projet d’inventaire de la biodiversité par Roland Eve. Randonnée vers la ligne de partage des eaux avec les commanditaires et Suzanne Husky.
2025 : Finalisation et actions concrètes
Février 2025 : Visio avec Suzanne Husky, Léa Frottier (Contrat Territorial Vrille Nohain Mazou) et les médiatrices.
Mars 2025 : Visio avec Suzanne Husky et les commanditaires : présentation du dessin « Les trous du vivant accueillent la pluie », proposé pour l’affiche du Festival de la Pluie.
Avril 2025 : Étude du cadastre, visites sur le terrain (étang de la Forge, méandres de la Vrille), observation de traces de castors, rencontres avec les propriétaires locaux.
Atelier public « À l’écoute de la rivière » sur les berges de la Vrille, suivi d’un pique-nique et de projections-débats (film « Méandres ou la rivière inventée », extraits de documentaires de Suzanne Husky).
Mai 2025 : Randonnée vers les sources de la Vrille à Treigny, visite du moulin labellisé LPO, rencontre avec un paysan, pique-nique et exploration de la rivière.
Objectif : Créer un parcours artistique et écologique entre la Vrille et la ligne de partage des eaux, en lien avec la biodiversité, l’hydrologie régénérative et la mémoire locale.
Acteurs : Commanditaires (élus, citoyens, association Respire), artiste Suzanne Husky, médiatrices, experts locaux (ornithologues, écologistes).
Thématiques : Biodiversité, rôle des haies, santé des rivières, « effet castor », permaculture, patrimoine potier.
Événements phares : Festival de la Pluie, ateliers publics, projections-débats, visites de terrain.
Samedi 19 juillet de 14 h30 à16 h30 : Table ronde I
« L’art de toute vie vient de l’eau » Baptiste Morizot, Suzanne Husky, Rendre l’eau à la terre, Alliance dans les rivières face au changement climatique.
Intervenant(e)s : Florence Habets, directrice de recherche au CNRS, hydrogéologue, Suzanne Husky, artiste engagée pour la préservation des écosystèmes, membre de « Pour Une Hydrologie Régénérative », Clément Novaro, architecte, membre de l’association « Hydromondes », Juliette Mariel, doctorante en agroécologie en milieu semi-aride.
-Les cycles de l’eau ; la pluie et les pluies.
-Les rivières vivantes : des refuges climatiques pour demain ? L’art de la mise en images par Suzanne Husky de « l’effet castor », support de compréhension et d’expérimentation en hydrologie régénérative des petites rivières.
Enjeux démocratiques du soin de l’eau, pour notre vie à l’échelle des bassins versants.
Dimanche 20 juillet de 14 h 30 à 16 h30 : Table ronde II
« Toujours derrière les orages, un possible jardin » Gilles Clément, Nuages.
Intervenant(e)s : Gilles Clément jardinier paysagiste, Frédérique Basset, journaliste auteure de Les quatre saisons de Gilles Clément », Suzanne Husky, artiste engagée dans la préservation des écosystèmes, Hervé Coves, agronome et
franciscain séculier, Vincent Lefèvre, agronome, cultivateur de blés anciens bio et meunier en Puisaye (Coopérative Copébi). Enjeux des problèmes de l’eau (partage et soin) pour l’agriculture et le jardinage, unis par le soin du vivant.

Suzanne Husky
Le Plan National d’Actions pour le lynx boréal (PNA Lynx) vise à rétablir l’espèce en France (2022-2026). Mis en place par la DREAL Bourgogne-Franche-Comté et l’Office Français de la Biodiversité (OFB), il s’inscrit après les plans pour l’ours brun et le loup gris. Après sa disparition au début du XXe siècle, le lynx a été réintroduit dans les années 1970, d’abord en Suisse puis dans les Vosges. Ce plan regroupe divers acteurs : associations de protection de la nature, aires protégées, collectivités locales, services de l’État, et d’autres acteurs scientifiques et culturels.
L’objectif est de garantir un état de conservation favorable pour l’espèce, avec des axes de travail sur la connaissance, la viabilité génétique de la population et la connectivité entre massifs. En mars 2022, une expertise scientifique a été lancée par le Ministère de la Transition écologique pour évaluer la viabilité des populations et proposer des solutions pour renforcer cette viabilité, sans réintroductions immédiates. Selon cette expertise, trois stratégies sont préconisées : améliorer la connectivité des habitats, réduire les destructions, et effectuer des translocations pour renforcer la diversité génétique.
Une Approche Sociétale
Le projet souligne l’importance de la co-existence entre humains et prédateurs. Le succès dépend de la perception des populations locales envers la nature, qu’elles voient soit comme une ressource, soit comme un élément avec lequel vivre en harmonie. L’action « Nouveaux commanditaires » s’inscrit dans cette dynamique, mobilisant l’art et la science pour interroger les relations avec l’environnement. Cette approche permet aux habitants de participer à la définition de problèmes scientifiques ou artistiques liés
Le projet lynx, coordonné par l’association La Société des Nouveaux commanditaires, nous permet de repenser notre rapport au lynx et au vivant en s’appuyant sur la parole des habitants et en leur donnant la possibilité d’initier une commande artistique ou scientifique.
La méthodologie « Nouveaux commanditaires » pourrait contribuer au bon état de conservation du lynx dans le cadre du Plan National de Protection du Lynx. Cette méthodologie permet de proposer la création artistique et la recherche scientifique comme trait d’union entre l’espèce et les habitants d’un territoire partagé, grâce au travail de médiateurs et médiatrices spécialisés en art et en science.
Depuis 2024, six groupes de médiateur.ices explorent le territoire jurassien et accompagnent des groupes d’habitants depuis 2024 à identifier une problématique (par exemple : notre coexistence avec l’espèce) et à écrire un cahier des charges qui permettrait à un.e artiste ou chercheur.seuse à créer une réponse par une œuvre dans une discipline artistique et/ou par une étude scientifique.
Beaucoup d’acteurs locaux (PNR, Centre Athénas, DREAL, PNAL, SFEPM, IGMA…) sont déjà engagés sur cette question. Le projet Lynx autour de l’action Nouveaux commanditaires ne se substitue ni ne contrevient à ces actions. Au contraire, nous souhaitons pouvoir contribuer avec notre expérience et notre savoir-faire aux problématiques bien identifiées sur le territoire. L’originalité de la méthode des Nouveaux commanditaires réside dans la capacité à faire le lien entre la recherche contemporaine et les citoyens et de permettre à ces derniers, non seulement de participer, mais plus encore d’être à l’initiative de la commande artistique et de la définition du problème scientifique.
Les équipes Lynx et les commandes
6 commandes et 1 recherche-action
1- HBChangemaker : Anastassia Makridou-Bretonneau et Patric Clanet
Secteur : Haut-Jura (Moirans-en-Montagne et Villards-d’Héria)
Enquête préliminaire : de février à septembre 2024
. Commanditaires ou groupe de personnes pressenties/engagées :
-Marie-Christine Pennors, professeure des écoles et directrice de l’École maternelle et primaire Roger
Millet-Liloludy de Moirans-en-Montagne.
-Laurence Pasteur, professeure des écoles et directrice de l’École de Villards-d’Héria.
-Loïc Coat, biologiste et réalisateur de documentaires dont Vivre Lynx (1998) – Le lynx et l’Agneau (2000) – Chasseurs, proies, lynx (2023) ainsi que de vidéo-conférences : Jeunes lynx, vies fragiles – Chasseur lynx.
-Sylvie Martin-Lahmani, directrice artistique du festival Idéklic (Festival international pour l’enfance et la jeunesse) et enseignante à l’université Paris 8.
-Dominique Lacroix, présidente Idéklic
Le groupe des commanditaires a souhaité impliquer directement à son initiative de commande les élèves de deux classes de cycle 3 de deux communes de Moirans en montage et Villards-d’Héria.
Mots-clés des échanges, thématique de la commande ou question de recherche : Le lynx, prédateur de retour dans le Jura, oblige à repenser le sauvage et notre relation au vivant. Développement de la conscience écologique des enfants ; dédramatiser la présence du lynx et du sauvage en milieu rural
Cahier des charges : 28 janvier 2025
Artiste : Magali Mougel https://fr.wikipedia.org/wiki/Magali_Mougel
Rencontres artiste : avril et juin 2025
Contrat d’étude artiste : juin 2025
Forme choisie/pressentie : narration, récit – littérature jeunesse, conte et théâtre
Prochains déplacements /à venir : venue artiste en novembre 2025, janvier et mars 2026
Partenaire : IDEKLIC | Festival International pour l’Enfance et la Jeunesse et les écoles de Villards-d’Héria et groupe scolaire Roger Millet de Moirans en Montage.
2- Art Connexion Amanda Crabtree
Secteur : territoire du Doubs-Horloger
Enquête préliminaire : de février à novembre 2024
Commanditaires :
-François Boinay, habitant, horloger, naturaliste, expertise en éducation à l’environnement, lynx, biodiversité…
-Clotilde Vernes, habitante de Villers-le-Lac
-Dimitri Coulouvrat, Maire de La Chenalotte, bibliothécaire
-Guillaume Vuillet, habitant de Loray
-Gilles Robert, VP Milieux naturels au PNR, Président de la SCIC de Consolation, Président de la CC du
Plateau du Russey, adjoint à la commune du Bizot
-Noël Jeannot, habitant de Charquement, naturaliste, conteur
Accompagnés de Maxime Delavelle, Chargé de mission milieux naturels, Parc naturel régional du Doubs
Horloger
Mots-clés des échanges, thématique de la commande ou question de recherche : comment intéresser les personnes, vivant ou traversant le territoire, à leur environnement ? Le lynx peut être cet animal qui permet aux habitants de « rentrer » dans notre environnement, celui qui permettrait à ces derniers de mieux le connaître.
Artiste : Patrick Corillon : https://www.corillon.net/
Rencontres avec l’artiste : août et novembre 2025
Date cahier des charges : janvier 2025
Forme choisie/pressentie/discipline artistique ou scientifique : forme déambulatoire, ludique, art contemporain, théâtre de choses
Prochains déplacements /à venir : rendu de l’étude de l’artiste fin novembre 2025
Partenaire : PNR Haut-Doubs Horloger
3 – Association A Demeure : Valérie Cudel et Pauline Gillard
Secteur : cœur du Jura / Champagnole Nozeroy / Haut-Jura
Relai territorial, administratif et logistique, Valérie Cudel et Pauline Gillard (médiatrice en formation) habitent le territoire
La médiatrice Valérie Cudel a réalisé une première commande sur le territoire autour du cycle de l’eau en zone karstique (livraison de l’œuvre : novembre 2024 : Contre récits de l’eau du collectif Disnovation.org.) avec un groupe de spéléologues et un élu du village de La Rixouse. Certains se sont engagés sur la commande Lynx à Saint-Claude). La vidéo narrative est actuellement montrée à la Triennale d’architecture de Lisbonne.
Enquête préliminaire et entretiens individuels : février, mars, mai, juin, septembre, novembre, décembre 2024 (avec présence aux 50 ans du Lynx en novembre), avril, octobre 2025.
Sessions commanditaires : mai 2025, juin, septembre 2025.
Groupe de commanditaires :
Emmanuel Cretin, maire de Nans-sous-Sainte-Anne, conservateur de la réserve naturelle du Ravin de Valbois
Wim Cuyvers, architecte-forestier, Montavoies / secteur de Saint-Claude
Amélie Fleury, documentaliste et poétesse /Arbois
Bertrand Formet, coordinateur numérique éducatif et innovation, Canopée BFC, Champagnole
Marjorie Martin, conservatrice bénévole de la RNR, grottes de la côte de la Baume, Chamole/Poligny
Christian, retraité, chasseur / Arbois
Mots-clés des échanges, thématique de la commande ou question de recherche : Les commanditaires ont une pratique régulière de présence et d’observation en forêt. Constat que la présence du lynx modifie notre perception fantasmée de la nature et entre en conflit avec l’activité humaine : comment la forêt hautement maîtrisée actuellement donnerait paradoxalement la sensation de ne plus être contrôlée. Volonté de rupture avec l’anthropocentrisme. L’artiste devra s’immerger en forêt avec et sans les commanditaires, il s’agit dans un premier temps, de provoquer l’expérience versus connaissance.
Artiste pressentie : en cours
Cahier des charges : octobre 2025 : en cours de validation, écriture du cahier des charges avec les commanditaires
Prochaines étapes : validation du cahier des charges par le comité SNC + choix de l’artiste deuxième quinzaine de novembre.
Une vidéo narrative de Disnovation.org
Journées de restitution : vendredi 29 et samedi 30 novembre 2024
CONTRE-RÉCITS DE L’EAU
DISNOVATION.ORG avec Clémence Seurat
La restitution de la commande adressée au collectif DISNOVATION.ORG s’est déroulée sur deux journées les 29 et 30 novembre 2024 entre Saint-Claude et Villards-d’Héria dans le Jura.
Vendredi 29 novembre, nous avons accueilli les professionnels et les personnes intéressées en milieu d’après-midi. Une visite du musée de l’Abbaye par Valérie Pugin, directrice, suivie d’un accueil de Christophe Jonneau à La Fraternelle, lieu de restitution de la première projection de la vidéo-narrative du collectif Disnovation.org.
La possibilité de présenter le travail au sein de ce lieu, un des symboles de l’histoire collective et coopérative en Franche-Comté avait tout son sens puisque la question du commun était au centre de la réflexion des recherches menées dans les trois pays. L’histoire de La Fraternelle est caractérisée par la création d’un fonds social collectif après avoir initialement impulsé une société d’alimentation. Ce fonds social collectif alimente des caisses de solidarité et des groupements culturels mais servira aussi à la création de coopératives de production. Viendra ensuite le projet de création de Maison du peuple inspiré du modèle du « Vooruit » de Gand !
La projection de Contre récits de l’eau dans la salle de cinéma de La Fraternelle est suivie d’un échange avec les artistes qui retracent leur cheminement depuis le démarrage du projet, l’aboutissement à la réalisation de la vidéo. Les réflexions se poursuivent dans la grande salle du café de La Fraternelle où nous poursuivons la soirée.
Samedi 30 novembre, les personnes (principalement les invités.es) qui avaient assisté à la projection pouvaient physiquement s’immerger dans un paysage jurassien et découvrir des caractéristiques karstiques : pertes, lapiaz, revenir sur certains questions évoquées au sein de la vidéo, comprendre cette notion d’invisibilité à l’origine de la commande en présence de François Jacquier, spéléologue, et du maire de Villards-d’Héria Jean-Robert Bondier, pour la visite du site archéologique, sanctuaire principal des Séquanes, avec la contribution de Tanguy Glandut du CPIE du Haut-Jura. Jean-Robert Bondier a souhaité – au cours de son mandat – développer deux axes prioritaires, fondements de l’histoire des lieux : la question de l’eau et la reprise des fouilles archéologiques sur le lieu du Pont des Arches. Le sanctuaire est un lieu de culte des eaux. Il est composé de deux sites : le site haut autour du lac d’Antre, qui est une propriété privée non accessible et le site bas dit du « Pont des Arches » ouvert au public. Les deux sites sont intimement liés par les eaux du lac d’Antre. Depuis l’exutoire du Lac d’Antre, cette eau alimente le site bas par une faille karstique. L’eau circule dans le sous-sol pour rejaillir, en particulier, au « puits romain » qui est au centre du site cultuel du Pont des Arches, là où l’eau est sacrée.
Le Puits romain, alimenté en permanence, constitue la source pérenne de l’Héria. En période de pluie soutenue le massif calcaire se remplit petit à petit et d’autres sources se mettent à jaillir en amont. C’est le cas du « Puits Blanc » suivi du « Puits Noir ». Le premier se présente sous la forme d’un vaste entonnoir tapissé de galets, tantôt vide, tantôt plein d’eau à ras bords. Le puits Noir quant à lui s’apparente à un vaste gouffre rocheux ou un niveau d’eau peut varier avec une amplitude de plus de 12 m en fonction des intempéries. Ces deux phénomènes karstiques ne sont malheureusement que peu pénétrables par les spéléologues. L’étape suivante permet au groupe de découvrir le site sauvage du lac d’Antre. On est ici à l’extrême amont du réseau hydrologique qui alimente les sources du Puits Romain, du Puits Blanc et du Puits Noir. Dans l’angle sud-ouest du plan d’eau le trop-plein du lac se perd au fond d’un renfoncement rocheux à travers des blocs. Des expériences de traçages à la fluoresceine démontrent que l’eau met une trentaine d’heures avant de réapparaitre dans les trois sources. Une écluse a été aménagée devant la perte, elle permettait de gérer les apports d’eau qui faisaient tourner tout un ensemble de roues de moulins dans la vallée de Villards-d’Héria.
La matinée s’achève au lapiaz des Fournets, une vaste zone de plusieurs hectares où la surface de calcaire est dépourvue de végétation. Cette grande dalle rocheuse, légèrement en pente, présente tout un ensemble de rigoles esthétiques et de failles profondes qui traduisent les effets érosion / corrosion des eaux de ruissèlement sur les roches carbonatées. Un paysage typique des massifs karstiques.












Dossier de presse Contre-récits de l’eau
Le cycle de l’eau en zone karstique dans le cadre de Creative Europe.
Le cycle de l’eau en zone karstique dans le Parc naturel régional du Haut-Jura, une commande adressée au collectif d’artistes DISNOVATION.ORG par un collège d’acteurs : Philippe Perrin, élu de la Rixouse et représentant au comité syndical du Parc naturel régional du Haut-Jura et trois spéléologues : François Jacquier, président du Spéléo-Club San-Claudien, Anne Corriol, enseignante au lycée agricole de Montmorot et Wim Cuyvers, architecte-forestier. La démarche s’inscrit dans le cadre du projet Art Living Lab for Sustainability (programme Europe Créative) et de l’action Nouveaux commanditaires portée par la SNc ; elle rend compte d’un phénomène aux zones d’ombres multiples : la circulation de l’eau en milieu karstique, sa compréhension et sa représentation. Cette question est aujourd’hui un enjeu environnemental majeur, peu connu et parfois mal compris du public. Le karst est une composante des grands massifs calcaires fracturés du Jura dans lesquels l’eau circule en profondeur. Géographes, hydrogéologues et spéléologues étudient ce phénomène favorisant l’engagement d’un certain nombre d’actions pour l’avenir de la ressource en eau dans la région. Alors que l’eau présente dans le karst alimente un tiers de la population, l’alternance plus marquée d’épisodes de sécheresse et de pluies intenses renforce sa vulnérabilité. La commande adressée à des artistes vise à une prise de conscience des changements climatiques en cours et à une meilleure anticipation de ses conséquences sur la gestion, le partage et les usages de ce qu’il faut collectivement considérer comme un « bien commun ». Comment participer à une meilleure connaissance de ce contexte géologique si spécifique : un réseau difficile à appréhender voire à représenter ?
LA RÉPONSE DU COLLECTIF DISNOVATION.ORG EN COLLABORATION AVEC CLÉMENCE SEURAT
La réalisation proposée prend la forme d’une vidéo narrative. Cette enquête visuelle suit le cours de l’eau qui s’infiltre dans la roche, disparaît et resurgit ailleurs, elle remonte les temps profonds géologiques et retrace des anecdotes et des histoires collectives. Les paysages karstiques forment une zone sentinelle où s’observe une série de tensions liées à l’eau, actuelles et à venir, dans les domaines agricole, écologique et sanitaire. Le collectif croise l’étude qui en écoule avec des récits et des témoignages, locaux et globaux, afin d’ouvrir une réflexion et envisager des communs de l’eau, au présent et au futur. DISNOVATION.ORG est un collectif de recherche créé à Paris en 2012, dont les membres principaux sont Maria Roszkowska (pl/fr), Nicolas Maigret (fr), Baruch Gottlieb (ca/de) (fr) qui fusionne l’art contemporain, la recherche et le hacking pour traduire de manière critique des débats éco-sociaux complexes en expositions opérationnelles et provocantes. Ils créent des œuvres d’art radicales mises en scène comme de grandes expériences de laboratoire axées sur l’énergie, l’écologie et l’économie qui fonctionnent comme des catalyseurs pour créer des futurs qui divergent des récits dominants. Leurs expositions, livres et vidéos imprègnent les paysages culturels mondiaux en favorisant un dialogue critique à la jonction de l’enquête artistique, politique et scientifique.
Clémence Seurat est éditrice, programmatrice artistique et chercheuse associée du médialab de Sciences Po. Elle explore les champs de l’écologie politique et de la techno-critique. Elle enseigne à Sciences Po, intervient en écoles d’art et donne régulièrement des conférences.
Œuvre réalisée avec le soutien de la Société des Nouveaux commanditaires, de la Fondation Daniel et Nina Carasso, programme Europe Créative associant la Belgique, l’Espagne et la France . Avec la participation de l’association Spéléo-Club San-Claudien et l’accompagnement du Parc naturel régional du Haut-Jura. Le projet Art Living Lab for Sustainability développé dans le cadre d’Europe Créative ** Le Parc naturel régional du Haut-Jura, de par son expertise et ses compétences en matière de qualité et de réflexion sur le partage de la ressource en eau