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Eulàlia Valldosera à Rochechinard

Avant la lumière pour La Maison de la Mémoire, 2015

De 1972 à 1991 tout le village de Rochechinard a joué un spectacle son et lumière au pied de son château. C’est dans ce contexte que le musée de Rochechinard a été créé, témoignage tangible de l’attachement d’une population à son histoire. Nommée musée de la Mémoire du Royans, sa collection est constituée de ce que les habitants lui ont donné ou prêté depuis quarante ans. Cependant, le musée de Rochechinard vit un passage difficile comme la plupart des écomusées. La muséographie pourrait apparaître vieillie, et l’équipe constate une baisse de la fréquentation. L’association Les amis de la maison de la Mémoire s’est adressée à l’artiste Eulàlia Valldosera pour aborder la question de la transmission – avec, à terme, la perte de l’oralité qui était au cœur du projet initial – établir une double relation, spatiale – circulation dans le musée, lien au site – et temporelle, des objets du passé à ceux d’aujourd’hui.

La proposition initiale reposait sur deux éléments : un film d’auteur qui devait être projeté de manière continue dans la salle dite « du puits » et la transformation du musée en un centre de création et de production de la mémoire. Cette seconde étape a été suspendue pour des raisons d’ordre politique.

Le film prétend non seulement rendre compte du projet d’un groupe de personnes désireuses de préserver leur héritage local, mais il a aussi pour objectif de mettre en valeur un objet filmique, événement présent permettant de réactualiser notre passé, une façon d’en réactiver le potentiel dissimulé sous des couches d’oublis et de préjugés.

Avant la lumière articule différents types de registres, allant du documentaire à la fiction, et montre les mécanismes auxquels l’artiste a eu recours pour le mener à bien. C’est-à-dire l’équipe de tournage, son ingérence dans l’espace de la maison, la préparation des acteurs et leur rencontre improvisée avec les objets qui vont faire partie des accessoires. Ce film est un regard sur le présent en même temps qu’il recrée le passé à partir des récits que les membres de l’Association créatrice de la maison de la Mémoire, ses gardiens et interprètes, font devant la caméra. Des anecdotes qu’ils racontent lors des visites guidées alors que la caméra est dans le public. Ce film nous propose le mode filmique comme forme d’archive.

Le livre Rochechinard, mémoire d’une maison-musée paru en fin d’année 2019 se présente comme le prolongement de la commande, la vision d’une artiste sur la transformation du musée et l’état de questionnements de chercheurs, professionnels sur le devenir de ces lieux.

dossier de présentation, juin 2015 – pdf

Avant la lumière

commanditaires : les membres du conseil d’administration de l’association des Amis de la Maison de la mémoire de Royans, Alain Derbier, fondateur du musée de Rochechinard, Mireille Gepponi, Catherine Flament, Jeanne Charve, Josette Derbier, Roland Meunier

soutien : Fondation de France / action Nouveaux commanditaires, ancienne Communauté de communes du Pays du Royans

2015

crédits : Eulàlia Valldosera

Michel Aubry, Parc naturel régional du Pilat

La 213 429e Partie du monde

La 213 429e Partie du monde est la réponse de Michel Aubry à la commande de l’association Iguerande et du Parc naturel régional du Pilat. Elle porte sur un territoire qui a gardé peu de traces architecturales de son passé métallurgique. Seul demeure le souvenir d’un travail salissant au contact de la poussière noire. Pourtant il existe une véritable culture ouvrière dans la fabrication de l’objet fini et un besoin de transmission de cet héritage industriel. Comment dès lors restituer la place d’une industrie à l’échelle d’un paysage dont les ressources ont contribué à son développement ?

La proposition de Michel Aubry se fait l’écho des changements dans l’environnement sonore du Pilat avec l’installation de nombreuses forges, pierres de cloutiers et des ateliers de sous-traitance de la grande industrie de la vallée. Michel Aubry questionne cette empreinte sonore en réalisant des prises de son dans des entreprises. Ces enregistrements donnent lieu à l’édition de disques vinyle et à la fabrication, par des entreprises locales, d’une paire de platines et d’une table de mixage permettant de créer des compositions à partir des sons gravés et des prémix issus de ces échantillons.

Les disques sont édités en sept exemplaires et réunis dans deux coffrets. L’œuvre a été interprétée lors d’un concert performance de Matthieu Crimersmois le 4 juillet 2014 dans l’usine Sainte-Julie, à Saint-Julien-Molin-Molette.

 

communiqué de presse, juillet 2014 – pdf

 

 

commanditaires : Éric Perrin, historien et membre de l’association Iguerande et Parc naturel régional du Pilat

soutien : les quatre parcs naturels régionaux de Lorraine, des Monts d’Ardèche, du Pilat et du Vercors coopèrent pour ce projet dans le cadre du programme européen LEADER (Fonds européen agricole pour le Développement rural).

2014

 

crédits photographiques Marc Domage (2, 3) et Emmanuelle Boccou

Lani Maestro à Bataville, Lorraine

Limen

Le site de Bataville est né en 1931 à l’initiative de Tomáš Bata, fondateur du groupe industriel du même nom. Il compte 2 700 ouvriers en 1939, 840 en 2001. La délocalisation des activités en 2002 débouche sur le licenciement de 800 personnes. Au moment de la commande quelques entreprises étaient implantées sur le site qui accueillait aussi l’ancienne Communauté de communes du Pays des étangs, installée dans l’ancien magasin d’usine.

En 2010, Bataville entre dans une phase intermédiaire de son évolution. L’association La Chaussure Bataville, en collaboration avec les collectivités locales, a souhaité développer un projet culturel et économique qui accompagne cette mutation. Comment faire coexister la mémoire encore vive d’une cité organisée autour du travail à l’usine et la possibilité d’autres usages ?

Lani Maestro envisage sa proposition comme l’«antithèse du lieu et du travail industriels» et comme un espace collectif. Limen — mot latin qui signifie « seuil », «passage d’un état vers un autre » — est le titre de cette sculpture. C’est une structure ajourée composée d’une longue plateforme surmontée d’une charpente de bois. Elle évoque le tunnel et le pont par le rythme régulier de ses travées et sa fonction de passage.

L’œuvre invite à la promenade et au repos comme « manière d’être avec soi-même », s’anime de notre présence et de celle des autres. Elle est installée entre l’ancienne cantine et le site de production, près d’un


communiqué de presse, avril 2014 – pdf

commanditaires : Commune de Moussey, d’anciens salariés des usines Bata et association La Chaussure Bataville

soutien : Parc naturel régional de Lorraine dans le cadre du programme européen LEADER (Fonds européen agricole pour le Développement rural), Fondation de France, Drac Lorraine, Région Lorraine, Département de la Moselle

2014

crédits photographiques Phoebé Meyer

Lani Maestro, Parc naturel régional des Monts d’Ardèche

ces MAINS

La région des Boutières est un important foyer d’industrie et d’artisanat au centre ouest de l’Ardèche dans le haut de la vallée de l’Eyrieux. En 2010, l’ancienne Communauté de communes des Boutières décide de racheter le site de l’usine Murat incarnant à la fois le berceau de l’industrie du bijou et la mémoire ouvrière. L’usine doit maintenant s’inscrire dans l’avenir du territoire, ce qui suscite de nombreuses questions : de quels savoir-faire et de quelle identité parle-t-on, que valoriser et transmettre aux générations futures ? Lani Maestro a été invitée à poser un regard sur ce lieu en mutation et sur l’activité du bijou tout en établissant un lien avec les anciens salariés. Avec comme point de départ envisagé : l’usine en l’état avec ses machines et ses outils.
Au fil des conversations avec les ouvriers, Lani Maestro a perçu une réelle créativité dans la fabrication de chaque pièce. ces MAINS est une installation qui se lit et se déploie de l’extérieur vers l’intérieur de l’usine. La phrase (extraite du poème de José Perez Beduya, Glass Flowers) « Si vous devez prendre ma vie, laissez-moi les mains » est inscrite en néons bleus sur un des murs donnant sur la rue. Des panneaux bleus opacifiant ont été placés sur les ouvertures du bâtiment. A l’intérieur, trois anciens établis présentent des outils recréés avec Joel Haond qui travaille à l’usine. Une composition sonore en lien avec les personnes et l’environnement du travail est diffusée dans l’espace d’exposition et depuis l’atelier.


communiqué de presse, novembre 2013 – pdf

commanditaires : des élus de l’ancienne Communauté de communes des Boutières, François Champelovier, Régine Brunel, Hubert-Marie Piteux, Roger Dugas et le Parc naturel régional des Monts d’Ardèche

soutien : Parc naturel régional des Monts d’Ardèche – dans le cadre du programme européen LEADER (Fonds européen agricole pour le Développement rural), Fondation de France, Région Rhône-Alpes, Communauté de communes de Val’Eyrieux

2013

crédits photographiques Phoebé Meyer

Susanne Bürner, Parc naturel régional de Lorraine

Euville

Les carrières d’Euville, dans les côtes de Meuse, sont un lieu emblématique de Lorraine. L’exploitation de la pierre calcaire jusqu’au début du XXe siècle a laissé de nombreuses traces : vestiges de l’exploitation industrielle, bâtiments et outils de différentes époques, restes de l’ancien village des carriers.

Propriété de la communauté de communes du Pays de Commercy, le site est en phase de devenir un pôle majeur de l’offre touristique. Les commanditaires ont souhaité la réalisation d’une œuvre pérenne qui puisse nourrir la réflexion engagée sur les transformations du paysage des carrières.

Évitant une restitution trop documentaire des lieux et des traces de vie, Susanne Bürner préfère en souligner la part mystérieuse et le potentiel fictionnel. Sa proposition se déploie sur trois supports : un livre, un film et des photographies.

Le livre Euville aborde la dimension humaine de l’histoire des carrières. Une première section présente les photographies réalisées par l’artiste à l’intérieur des anciennes galeries d’extraction suivie d’un texte de Pierre Briot et Jean-Paul Streiff retraçant la vie quotidienne d’un carrier. Il introduit les images des graffitis dessinées par les ouvriers sur les parois des galeries, accompagnées de courts récits collectés par Susanne Bürner.

Le film Pierre et Poussière s’attarde sur la dimension imaginaire des lieux , on y suit deux adolescentes qui explorent les paysages structurés par d’anciennes activités mais aussi des sites appelés à disparaître : le café, l’ancien lavoir…

Les tirages photographiques Les Cavaliers montrent l’évolution du paysage depuis l’arrêt de l’activité et l’emprise de la végétation. Deux images en noir et blanc ponctuent une suite qui suggère dans sa présentation le récit d’une déambulation. Le regard découvre au fil des points de vue, des indices rappelant par petites touches le passé industriel, pourtant des doutes peuvent persister sur l’origine des paysages.

 

communiqué de presse, octobre 2012 – pdf

Pierre et Poussière

Les Cavaliers

Euville

Captures éditions, en partenariat avec le Vent des forêts—espace rural d’art contemporain et l’office de tourisme du Pays de Commercy

commanditaires : Office de tourisme et Communauté de communes du Pays de Commercy

soutien : Parc naturel régional de Lorraine dans le cadre du programme européen LEADER (Fonds européen agricole pour le Développement rural), Fondation de France, DRAC Lorraine, Région Lorraine, Département de la Meuse

2012

crédits photo/vidéo Susanne Bürner, Phoebé Meyer 

Jessica Stockholder à Toulouse

Los Pès del parpalhòl (Les Pieds du papillon)

 À la demande de l’école associative Calandreta Còsta Pavada  (école bilingue occitan-français), Jessica Stockholder a conçu une œuvre d’usage, un espace de jeu et de vie.

En 2007, en association avec les enseignants et les animateurs, des parents d’élèves ont souhaité passer commande d’une œuvre pour la cour d’école afin de favoriser les expériences sensorielles, la rencontre et l’échange pour les enfants de trois à dix ans. La sculpture devait être susceptible d’incarner quelques-unes des idées fondatrices de l’école : esprit de tolérance, curiosité, ouverture aux autres langues et cultures.

La proposition de Jessica Stockholder consiste en une sculpture «praticable» de couleurs vives et de matériaux variés : marbre, bois, Corian, béton, brique. Elle est composée d’un jeu de formes géométriques de faibles hauteurs qui se déploient et s’organisent autour d’un point central recouvert d’une structure rectangulaire en tôle acier plastifiée. Cette structure peut faire office d’espace de jeu / mise en scène de soi, et laisse transparaître volumes et passage. Le dessin au sol, en aluminium près du disque de marbre rouge, ainsi que la forme de la jardinière en mélèze reprennent des éléments de la croix occitane : « La croix occitane – écrit Jessica Stockholder – est assez abstraite dans l’œuvre. Je réponds au fait qu’elle n’était présente nulle part dans l’école quand je l’ai visitée. […].

L’école Calandreta Còsta Pavada ne pouvant finalement accueillir l’œuvre, il a été convenu d’en faire don à la Ville de Toulouse et de l’installer dans l’hémicycle du musée des Abattoirs, à proximité des ateliers pédagogiques.

dossier de presse, avril 2013 – pdf

commanditaire : association Calandreta Còsta Pavada, Toulouse

Soutien : Fondation de France / Nouveaux commanditaires, ministère de la Culture et de la Communication (DGCA, DRAC Midi-Pyrénées), Ville de Toulouse, Syndicat mixte des Abattoirs

2013

crédits photographiques Jessica Stockholder (toutes) sauf Jean-François Peiré–Drac Midi-Pyrénées (9)

Giuseppe Gabellone à Lyon

Monument du souvenir

Désireux d’honorer la mémoire des personnes déshéritées qu’ils accompagnent au quotidien, Les petits frères des Pauvres ont demandé à un artiste de concevoir un monument du souvenir dans un cimetière. Au moment de leur décès, ces personnes sans ressources ont parfois droit à un emplacement octroyé par la Ville pour une période de six ans, mais leur tombe est rarement entretenue lorsqu’ils en ont une. En leur consacrant un lieu de mémoire collectif, Les petits frères des Pauvres ont voulu signifier leur attachement à la valeur unique de chaque vie.

Le monument funéraire est insolite pour des artistes de la génération de Giuseppe Gabellone, bien qu’étant un sujet classique dans l’histoire de l’art. Son choix a été de produire un monument laïc qui évoque la mort sans recourir à l’iconographie sacrée de la statuaire funéraire. Dans le même temps, il a souhaité respecter l’atmosphère du lieu, propre aux cimetières français et italiens du XIXe siècle.

Le monument est constitué de deux modules en verre de forme abstraite posés sur un socle en pierre blanche recouvrant deux caveaux. Le socle est conçu pour retenir les eaux de pluie et produire un effet de miroir. Sur les blocs angulaires avant, apparaîtront les noms des défunts.

L’idée est d’utiliser la terre comme moule des sculptures en verre, « de réaliser une forme pleine à partir d’une cavité […] comme pour saisir la mémoire, traduire l’idée du souvenir. »

dossier de présentation, août 2012 – pdf

commanditaire : Les petits frères des Pauvres

commande suspendue

crédits : Giuseppe Gabellone

Marie-Ange Guilleminot in Gaillac

L’espace entre !

«Un(e) artiste pourrait réaliser une oeuvre à destination des enfants que nous recevons pour introduire un minimum, vital, de désordre qui réveille la pensée».
Le Centre médico-psychologique pour enfants et adolescents, service extra-hospitalier, est à l’interface du lien social et du psychisme, du sujet social et du sujet clinique. Lieu de circulation et d’interception des flux du vaste monde, de suspension aussi…
La salle d’attente apparaît alors comme ce lieu intermédiaire entre le soin proprement dit et le monde extérieur, officiant comme ces antichambres où l’on chuchote avant de dire.
Penser une oeuvre pour le CMPEA serait permettre à des enfants trop précocement ou exclusivement aux prises avec le numérique, présentant souvent une pensée qui va se paupérisant, une rencontre émotionnelle et intellectuelle inédite.

Washitsu ou Cabane in time
Sculpture à l’architecture démontable en érable ondé, installée dans l’actuelle salle d’attente, elle est complémentaire au Meuble-spirale. Sa conception minimale autour de l’unité d’un tatami crée un volume singulier pour l’enfant. Elle est basée sur l’observation attentive de la tradition japonaise washitsu dont l’artiste a voulu la forme essentielle, avec un seul module… Préserver l’esprit du lieu : tokonoma ou l’espace pour l’art, shoji portes coulissantes en bois et papier-japon renforcé avec, ici en feutre, ses volets amovibles.

…du meuble spirale au meuble infini…
Placé dans l’espace de l’accueil, le Meuble-spirale a vocation à se transformer et être disposé librement dans le lieu du CMPEA. À la fois meuble et sculpture, de forme hexagonale, il est constitué de quatorze éléments mobiles aux pans colorés, à usages multiples et ludiques : bibliothèque, table à dessin, petit théâtre. L’oeuvre fait l’objet d’une appropriation par ses utilisateurs, elle est une invitation à la créativité.

L’objet-étalon
Semblable au Meuble-spirale à l’échelle du corps, il est composé de quatorze éléments autonomes. L’idée de cette échelle est de pouvoir réfléchir avec l’objet entre les mains à toutes sortes de combinaisons transposables à la sculpture-meuble. Il est réalisé dans quatorze essences de bois : nuancier de référence pour le positionnement par la couleur des pans du Meuble-spirale.

Réalisation
Washitsu ou Cabane in time : Yutaka Kawahara et Renaud Vergnais (charpentiers), Cécile Feilchenfeldt et Géraldine Odeyer
…du meuble spirale au meuble infini… : Jacques Vignon
L’objet-étalon : Patrick Belle

Conseils, coordination : Paule Guérin, Murielle Hladik, Sabine Laurent, George-Henry Ser
Jeux/toupies :  Philippe Dyon
Contribution au choix des livres : Les Trois Ourses


dossier de presse, février 2017 – pdf

commanditaires : l’équipe du CMPEA de Gaillac – Karine Beziat, Éric Bousquet, Daniel Delbes, Sylvie Faure, Marie-Claude Garros, Sophie Mahenc, Fabienne Maviel, Marie-Josée Medale, Maria Puech-Maurel, Laurence Quercy, Pauline Ricard, Catherine Scarpulla, Sabine Vialettes, Vassiliki Xenoyanni

soutien : Fondation de France, Fondation Daniel et Nina Carasso,
Fondation Bon Sauveur d’Alby

2017

crédits photographiques Phoebé Meyer

Camille Henrot à Pailherols, Cantal

Ma montagne

Depuis la plus haute Antiquité, la montagne cantalienne a accompagné la vie des agriculteurs en leur offrant des pâturages d’été pour leur cheptel. Pendant quatre mois, des hommes âgés de 12 à 70 ans veillaient sur le troupeau et la qualité du fromage produit dans un paysage grandiose mais au climat rude. Ces buronniers ont été les maîtres d’œuvre d’une économie pastorale aujourd’hui disparue.

Jean-Paul Soubeyre, agriculteur, a souhaité honorer la mémoire de ces buronniers qui ont profondément marqué la vie sociale et économique de ces terres dites d’estive ou de transhumance. Convaincues de l’obligation de «faire acte de reconnaissance» pour ces hommes, la commune de Pailherols et l’association Sauvegarde des burons du Cantal se sont associées pour l’accompagner dans son projet.

L’artiste Camille Henrot a été sollicitée pour imaginer une œuvre qui témoigne d’une histoire humaine forte et du lien étroit entre l’homme, l’animal et le paysage. Ni monument aux morts ni entreprise de folklorisation, cette œuvre contemporaine s’inscrit dans la continuité de l’histoire universelle de l’agropastoralisme.

À l’entrée du village, dans un jardin clos, Le Vestiaire du berger marque le point de départ symbolique d’une montée aux estives. Des formes évocatrices d’objets familiers rappellent l’univers et le travail du buronnier. Le Vestiaire souligne l’absence d’usage de ces objets traditionnels mais aussi la possibilité que cet état soit temporaire. Comme une invitation à l’itinérance, l’œuvre Ma montagne se déploie ensuite dans le paysage le long d’un chemin de randonnée. L’artiste a créé une quarantaine de sculptures inspirées de la claie mobile qu’utilisaient les vachers pour parquer leur troupeau. Leurs formes rappellent les trigrammes du Yi-King (Livre des transformations) dont les soixante-quatre combinaisons permettent de décrire les états du monde et leur évolution.

D’espace clos, le parc de sculptures devient ici comme une constellation qui rappelle l’universelle contemplation du ciel étoilé et nous renvoie à l’infini. De couleur blanche, les claies se fondent dans le paysage enneigé en hiver, pour reparaître à chaque printemps.


dossier de presse, juin 2016 – pdf

commanditaires  : association pour la sauvegarde des burons du Cantal et commune de Pailherols

médiation/production : Valérie Cudel et Mari Linnman pour l’action Nouveaux commanditaires initiée par la Fondation de France

soutien : Fondation de France, Fondation Carasso, ministère de la culture et de la communication au titre de la commande publique, DRAC Auvergne, commune de Pailherols, Département du Cantal, Communauté de communes Cère et Goul, association pour la sauvegarde des burons du Cantal

inauguration : juin 2016

crédits photographiques Phoebé Meyer

 

Enquête sur le/notre dehors (Valence-le-Haut) à la date du 24 avril 2012

Alejandra Riera avec les habitants et les usagers du quartier 

Le quartier de Fontbarlettes fait partie de l’ensemble de Valence-le-Haut, connu dans les années 1960 comme un projet cohérent de ville nouvelle. Mais le schéma est finalement resté inachevé. Constatant une stigmatisation du quartier, les commanditaires ont voulu donner la parole aux habitants, comprendre la façon dont ils se sont approprié cet espace et leur perception d’un « dehors » plus vaste, susceptible d’apporter une lecture différente.

Alejandra Riera a effectué de nombreux séjours à Valence au cours desquels elle a longuement échangé avec les habitants du quartier, proposé des rencontres, projeté des films, organisé des « actions » communes en divers lieux. Avec eux, elle a conçu les séances de tournage de son film-document. Il en résulte un film et une publication, pensés et réalisés simultanément, mais qui fonctionnent de manière autonome et complémentaire.

Le film associe différentes images telles que archives, images-textes et mises en scène avec les habitants. Dans sa pratique, Alejandra Riera appelle films-documents une façon singulière non pas de réaliser des films mais de les « excéder », c’est-à-dire de « penser les films-documents […] en tant que hors champs du film lui-même qui se constituerait en document de son temps, rajoutant à son espace propre l’espace plus incertain des discontinuités historiques, temporelles, affectives. »

La publication se présente comme un rapport de l’enquête,  elle est composée de la reprise des pages, premiers supports des échanges avec les habitants, accompagnées de notes de bas de page écrites par Alejandra Riera, de planches images et de leurs légendes engageant un deuxième temps de réflexion.

Au fil du film et du rapport, dans le dialogue des planches et des textes, des sons et des images, des témoignages, commentaires et citations, de multiples passages se rendent visibles ou probables, au-delà de la séparation établie entre le supposé centre et sa périphérie.

communiqué de presse, avril 2012 – pdf

légende image : Vue partielle, 11 novembre 2008. Gare de Lyon, Paris, palmier en pot, «Butia Yatay, origine : Argentine, Brésil»

Enquête sur le/notre dehors (Valence-le-Haut) <2007–…> à la date du 24 avril 2012, une image de pensée collective du lieu que l’on habite. Alejandra Riera avec des habitants/es du quartier de Fontbarlettes

Captures éditions en partenariat avec art3, Valence

commanditaires : des habitant(e)s de Fontbarlettes avec l’association Le MAT

L’Enquête sur le / notre dehors a été initiée dans le cadre de l’action Nouveaux commanditaires proposée par la Fondation de France.

médiation–production : Valérie Cudel / à demeure, en partenariat avec Imagine / Issy-les-Moulineaux et art3 / Valence

soutien : Fondation de France, ministère de la Culture et de la Communication, Centre national des arts plastiques (Image-Mouvement) / DRAC Rhône-Alpes, Région Rhône-Alpes, Département de la Drôme

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